Au-delà de l'Ombre

... ou ma fan-fic sur Zelda. Je suppose qu'on peut les mettre ici~ Donc voilà~ Je la met.



Aujourd'hui, Link avait prévu une petite escapade avec sa princesse le temps de deux ou trois jours. Ils iraient tout d'abord passer une nuit chez leur amie Malon, puis le lendemain ils iraient au lac Hylia histoire de faire un pique-nique au bord de l'eau claire en respirant l'air pur. Le jeune homme arriva donc en début de matinée devant la grille du château, qui avait réapparu rapidement après la défaite de Ganon au moyen de quelques sortilèges, accompagné de sa fidèle jument. Là l'attendait une jeune et magnifique fille aux cheveux d'or et à la robe rose et blanche. De sa mine radieuse elle saluait celui qu'avait choisi son coeur, puis elle s'approcha de lui en agrandissant encore son sourire.

- Bonjour ma princesse ! Lança le héros du temps d'un sourire qui dépassait l'entendement. Vous avez une mine plus que superbe aujourd'hui !
- Tu exagères toujours ! Et puis je crois que nous nous étions entendus sur le fait que tu devais me tutoyer ! Cela fait sept ans que nous nous sommes rencontrés maintenant !
- Euh... Oui, oui, ma princesse !
- Voilà une bonne chose de faite, et si nous y allions ? J'ai terriblement hâte de retrouver Malon !
- V... Euh, Tes désirs sont des ordres !

Sur ces mots, le jeune homme aida Zelda à monter derrière lui sur Epona tout en lui recommandant de bien s'accrocher. Elle protesta en disant qu'elle n'était pas une femmelette et qu'elle n'avait pas besoin de le tenir. Cependant, lorsque Link élança la jument à toute vitesse, elle s'agrippa à ses hanches si fortement qu'il en avait presque mal. Il finit par ralentir à cause de la poigne de sa princesse qui s'était manifestement endurcie, on en finissait à se demander si Impa n'avait pas déteint un tantinet sur sa protégée. Mais revenons-en à notre histoire, ils avaient passé toute la matinée et une partie de l'après-midi à galoper au gré du vent vers le Ranch Lon Lon qui n'était qu'à quelques mètres maintenant.
A peine les sabots vifs d'Epona foulèrent l'herbe du domaine du ranch qu'un cri hystérique à consonance féminine s'éleva des entrailles de la terre pour perforer les oreilles de nos deux jeunes gens. Le hurlement provenait, en fait, d'une jeune fille à peine moins âgée qu'eux qui courrait dans leur direction, ses cheveux qui hésitaient entre châtain et roux volant au vent comme la crinière de la jument lorsqu'elle s'élançait dans la plaine d'Hyrule. Il s'agissait de cette chère Malon qui était tellement heureuse qu'elle en avait oublié de se contrôler. Car après tout cela faisait une éternité qu'elle les avait invités et jusqu'ici ils avaient toujours décliné toutes ses invitations.

- Bonjour Liiiiink ! Bonjour Zeldaaaaa ! Depuis le temps qu'on ne s'est pas vu ! Si vous saviez ce que ça me fait plaisir de vous revoir !
- Salut Malon ! Sourit Zelda aussi enthousiaste que son amie. Nous aussi ça nous fait plaisir, on a enfin trouvé le temps d'aller te rendre une visite.
- Tu devrais emménager au bourg ou au village Cocorico si on te manque tant tu sais... Lança Link d'une traite.
- Ne dis pas d'âneries, tu sais bien que je dois rester pour aider mon père et Ingo ici. Et puis, ça te va bien de dire ça toi, tu ne fais rien pour venir me voir non plus.
- Allons Malon ne raconte pas de bêtise, intervint la princesse pour éviter une dispute. Il a aussi ses obligations là-bas.

Un hennissement coupa leur conversation, puis un autre suivit. La jument de Link venait apparemment de faire connaissance avec un étalon noir comme un corbeau, à l'exception d'une tache au milieu de son front et d'une autre sur son flan droit. Il faisait froid dans le dos, et son air sauvage aurait dissuadé plus d'une personne à monter sur son dos. Il avait l'air de défier Epona du regard, il devait probablement vouloir l'empêcher d'entrer dans ce qu'il croyait son territoire. Le Héros du temps siffla Epona par peur qu'elle n'engage le combat puis il l'envoya de l'autre côté du ranch pour qu'elle puisse gambader en paix. Cette réaction sembla satisfaire l'étalon qui s'en alla dans le sens inverse.

- Qui est-ce ? S'enquit le jeune homme. Il n'était pas là la dernière fois que je suis venu.
- Je ne sais pas, il est arrivé hier soir au ranch. Il avait déjà une selle... Je suppose que quelqu'un l'aura égaré.
- Quand tu dis arrivé, questionna Zelda; ça veut dire qu'il est passé par la porte "tranquillement" ?
- Pas vraiment non, j'ai entendu du bruit dans l'étable et quand je suis allée voir il était là avec un mur intérieur complètement ruiné. Je me demande toujours comment il a fait ça.
- Va savoir... Bon, mes chères si nous allions discuter autour d'un verre de lait ? Je crois que mon ventre crie famine...

Cette déclaration fut suivie du rire cristallin des deux jeunes filles qui acceptèrent sa proposition. Et ainsi tous trois se dirigèrent vers l'endroit habitable, bien qu'empli de cocottes en tous genre, du ranch. Là se trouvait un homme enveloppé qui dormait contre une chaise comme un bienheureux. Scandalisée par ce spectacle, la fermière s'approcha de lui sans un bruit puis plaçant sa bouche au niveau de son oreille, elle lui hurla de se réveiller immédiatement sans quoi il aurait à faire à elle. Surprit, l'homme se réveilla immédiatement en hurlait à son tour qu'il était désolé et qui ne recommencerait pas ou encore que ce n'était pas de sa faute.

- Papa je te signale que nous avons des invités, dont la princesse d'Hyrule, tu pourrais te tenir bien pour une fois !
- Je... Ce n'est pas ma faute ! Il faut dire que la chaise est si confortable...
- Allons Malon, ce n'est pas grave, je suis sûre que ton père n'a vraiment pas fait exprès.
- Oui écoute donc la princesse, elle a raison, ma chérie.

Malon poussa un soupir insatisfait puis proposant à ses deux invités de prendre place, elle alla chercher une cruche de lait et quelques gâteaux secs qu'elle avait fait la veille. Ils étaient un peu trop cuits, certes mais certainement encore mangeables, enfin... Elle l'espérait ! Et puis elle n'avait que ça à leur proposer pour le moment. Elle revint avec la nourriture qu'elle déposa sur la table et elle prit place à son tour. La discussion alla bon train, les souvenirs du "bon vieux temps" furent évoqués et tout allait pour le mieux. Ils restèrent à discuter ainsi jusqu'au coucher du soleil et après s'être nourris par les soins de Talon, tous ou presque allèrent se coucher. En effet, Ingo resta debout un moment afin de faire rentrer les chevaux alors que Malon le motivait en chantant de sa voix cristalline.

- Arrête ! Arrête ! Arrête ! Arrê... !
- Allons tais-toi ma petite poupée...
- ... Pourquoi... ?
- Je fais ça pour ton bien ma chérie, tu le sais bien...
- Non c'est faux ! C'est faux !
- Je fais ça parce je t'aime, tu es ma soeur non ?

Cette nuit là, les coups n'étaient pas comme tous les autres... Pour une raison inconnue, cette fois-là, il redoublait de puissance. Quelque chose l'avait peut-être contrarié, quelque chose ou quelqu'un ? Une chose était sûre : il se défoulait, il se vengeait. Sur une personne qui ne pourrait rien contre lui, elle n'avait que... Quel âge avait-elle déjà ? Ah oui, elle ne devait pas être loin de ses sept ans...

- A quoi ça sert ? Sanglotait-elle.
- Je te lave des pêchés que tu as commis...
- Mais je ne suis jamais sortie d'ici ! Je n'ai jamais rien fait !
- Ton pêché, tu l'as de naissance... Susurra-t-il en l'envoyant à l'autre bout de la pièce. Tu comprendras quand tu seras grande !
- Alors je dois attendre en souffrant... Murmura-t-elle entre deux sanglots. Ce n'est pas juste...
- Je t'ai entendue petite sotte ! Hurla-t-il en lui assénant un coup magistral. Bien ce sera tout pour ce soir.

Même s'il n'y avait pas de lumière, elle devinait le sourire dément qu'il affichait. Elle le vit sortir de la pièce, même si il n'y avait pas ou peu de lumière dehors, elle qui avait toujours vécut dans l'obscurité parvenait à capter la moindre particule de lumière tout comme les chats. Que pouvait-il y avoir dehors ? Ou peut-être n'y avait-il pas de dehors ? Ah, comme elle aimerait sortir de ce manoir et enfin découvrir ce monde dont sa mère lui parlait lors de ses leçons d'histoire... D'un revers, elle essuya le liquide chaud qui coulait du coin de sa lèvre. Elle scruta la pièce et y décela un objet pointu, il avait oublié ce avec quoi il s'amusait tant à lui faire des plaies ? Elle le ramassa et commença à l'examiner, puis le grincement de la porte la fit sursauter. Il lui décocha un violent coup de pied dans les côtes...

- Petite voleuse ! Hurla-t-il avec fureur.

Le blond se réveilla en hurlant à son tour, il était couvert de sueur. Il déposa sa main sur son front, ses yeux étaient exorbités et sa respiration haletante. C'était horrible... Lorsqu'il se fut enfin calmé, il se laissa retomber sur son lit. Où était-il déjà ? Ah, oui, chez Malon, dans la chambre de son père. D'ailleurs les ronflements à côté devaient dire qu'il dormait encore, quel sommeil profond il avait ! Mais les pas dans la chambre d'à côté et la porte qui s'ouvrit en laissant apparaître deux demoiselles en robe de nuit apeurées démontra qu'il avait dû crier très fort... Il se força à sourire pour rassurer ses deux amies et finalement il se leva. Le soleil se levait sur le ranch et s'ils voulaient passer l'après-midi au lac, ils feraient mieux de se dépêcher !

Link et Zelda s'étaient installés sur les berges du grand et majestueux Lac Hylia. Les temps étaient si paisibles en ce moment qu'il aurait été difficile de résister à l'envie de la princesse que d'aller flâner un peu en compagnie de cette personne qu'elle appréciait tant. Tous deux dégustaient un petit pique-nique préparé avec amour par Malon qu'ils avaient quitté à regrets. On ne pouvait pas qualifier ce repas de grande cuisine, certes il était fait avec le coeur mais... Le goût laissait à désirer... Nos deux héros se trouvaient l'un contre l'autre, si ça avait été un coucher de soleil, ça aurait été une scène romantique comme peu de personnes avaient eu la chance d'en vivre. Parfois, leur regard se croisait timidement, et cette fois chacun s'attardait dans les yeux bleus profond de l'autre puis ils ne se lâchèrent plus... Leur tête se rapprochait timidement, au fur et à mesure, ils pouvaient voir encore plus de détails de leur visage juvéniles. Link, par exemple, n'aurait jamais pensé que la princesse pouvait avoir une peau si parfaite...
Pourtant, leur lèvres n'eurent le temps de s'effleurer qu'une masse sortie d'on ne savait où vint briser leur harmonie et ce qui aurait pu être leur premier baiser. Elle percuta de plein fouet le flan droit du jeune homme pour finalement s'éteindre à la place où il se trouvait avant d'être projeté à une cinquantaine de centimètres comme l'aurait fait un vulgaire sac de Pomracines hyliennes. Totalement sonné, il mit un bon bout de temps à se rendre compte que Zelda s'était précipitée vers lui. Il lui fit signe qu'il allait très bien et se releva en regardant ce qui l'avait bousculé avec tant de force. Quand il réalisa que c'était une personne -et peut-être même une jeune personne à en juger les traits qu'elle possédait- il s'empressa de voir comment elle allait, accompagné de Zelda.
Le nouvel arrivant se releva en maugréant des choses complètement incompréhensibles et replaça tranquillement sa cape et sa tête de façon à ce qu'elle soit complètement à l'ombre de sa capuche. Ceci fait, il entreprit de regarder autour de lui comme pour se repérer alors que de leur côté, la princesse se demandait de quelle façon il avait pu tomber si violemment sur Link alors que le terrain ici était pratiquement plat, c'était tout de même inconcevable ! Le Héros du Temps, de son côté remarquait le fait que debout, l'inconnu faisait bien la taille de Zelda, mais hormis la main qu'il avait vu tout à l'heure, rien ne pouvait les renseigner sur la nature de cette personne. Sauf peut-être si lui décidait de les renseigner, bien entendu.

- Euh... Commença Link d'une voix peu certaine. Pouvons-nous vous aider ?
- Où sommes nous ? S'enquit une voix froide et dure mais plutôt aiguë.
- Eh bien, répondit la princesse. Nous nous trouvons actuellement au Lac Hylia. Mais, d'où provenez-vous ?
- Et comment vous y êtes vous prit pour me tomber dessus si sauvagement ?
- Mh... Au Lac Hylia... Marmonnait-il sans prendre gare aux questions des deux jeunes gens.
- Euh... monsieur ?
- Au Sud alors...
- Vous dites ?
- Si ce crétin... Vous m'avez l'air plutôt nobles. Amenez moi au château d'Hyrule.
- Et pouvons nous vous demander pour quelle raison ? Dit la princesse amèrement.
- Il y a deux personne avec qui je dois parler dans les plus brefs délais... La princesse et le Héros du Temps en fait.
- A vrai dire, lança Link. Ces deux personnes sont devant vous. Que pouvons nous pour vous ?
- J'espère pour vous que vous ne mentez pas. Quoi qu'il en soit, je n'ai pas le temps de vérifier, nous devons nous rendre au château dans les plus brefs délais.
- Attendez attendez, récapitula le Héros en question. Vous nous tombez dessus, ne vous excusez même pas, ignorez les questions lorsque cela vous arrange et vous espérez que nous vous emmenions avec nous au château sans nous donner de raison particulière. Et qui nous dit qu vous n'êtes pas malintentionné ?
- Il a raison, et en plus de cela vous m'avez l'air plus que louche avec cette grande cape et cette grande capuche.
- C'est une question de point de vue, mais oui j'aimerais que vous m'emmeniez dans votre fichu château, et c'est dans votre intérêt.
- C'est cela, alors ne comp...

Le blond s'était stoppé net à la vue d'une de ces horribles araignées géantes qui semblaient montées sur ressort et qui n'étaient plus qu'à un bond ou deux de broyer la princesse sous ses pattes. Il n'eût le temps de sortir son épée Biggoron que l'inconnu avait déjà tranché en deux la bestiole au moyen de deux petits sabres fins qui paraissaient aussi rapides et légers que puissants. Par la même occasion, la grande capuche qui empêchait de distinguer le son visage était tombée et lorsqu'il se retourna vers eux, celui qu'ils avaient d'abord prit pour un homme était en fait une jeune fille qui ne devait pas être plus âgée qu'eux. Un étrange tatouage à gauche de sa bouche leur sauta aux yeux tant sa noirceur ressortait. Voyant leur regard, la jeune fille haussa le col venu de sa tunique afin de le cacher. On ne voyait pas grand chose sur son visage à cause des longues mèches noires qui retombaient dessus mais ses yeux avaient une couleur rouge si agressive que c'était ce qui captait majoritairement l'attention. Du moins, ils les virent rouge l'espace d'un instant car passant rapidement la main droite devant ses yeux, ils devinrent de couleur or.
"Vous avez vu mon visage, heureux ?" Siffla-t-elle.
L'armada de ces charmants monstres bleus qui arrivait à toute vitesse dans leur direction la dissuada de continuer la conversation plus longtemps. Elle empoigna fermement ses deux couteaux et se plaça dans une position de garde qu'il n'avait jamais vu auparavant, ce qui ne semblait pas être l'avis de Zelda.
Cette fois, Link tira son épée de son magnifique fourreau. Quelle poisse tout de même ! Songeait-il en tranchant l'araignée qui sautait par dessus lui. Il était venu passer une après-midi tranquille en compagnie de sa princesse, qu'il aurait pu enfin embrasser soit dit en passant, et voilà qu'il se retrouvait épée à la main à faire de la boucherie de sales bestioles qui se prenaient pour des diables à ressort en compagnie d'une espèce de fille aussi chaleureuse qu'un bloc de glace. Oui, franchement les déesses s'acharnaient après lui, il devait avoir fait quelque chose d'impardonnable dans une vie antérieure pour avoir autant de chance. A dix-sept ans, combattre comme un forcené... S'il avait su, il ne se serait pas réveillé ce matin, non mais sans blague... Enfin, cela si l'on mettait de côté le rêve qui l'avait réveillé.
"Derrière toi abruti !"
La voix douce et chaude de l'inconnue arracha le blond à ses pensées qui enchaîna une attaque cyclone laissant pour mortes deux ou trois tektites et une avec deux pattes en moins. Il acheva celle-ci d'un geste grognon et lança un regard vers la princesse. Celle-ci ne s'en tirait pas mal en lançant feu de Din sur feu de Din, ce qui avait pour effet de produire un barbecue sinistre autour d'elle. De son côté, la brune bougeait à une telle rapidité que rien qu'à la regarder, il en avait la tête qui tournait. Il n'avait jamais vu une telle vitesse d'attaque. Cependant, l'affluence de tous ces monstres allait bientôt avoir raison du petit groupe qui se retrouva finalement dos-à-dos, encerclés et sans aucune issue.
"Link, lançons l'amour de Nayru ensemble et partons sur le dos d'Epona !"
En voilà une idée qu'elle est bonne ! Malgré ses airs de cruche, il arrivait à Zelda d'avoir des interludes de lucidité. Enfin, cette fois c'était sans compter le fait que l'inconnue elle n'avait aucune idée de ce que pouvait être ce sort, et même si elle le connaissait elle ne pouvait pas le pratiquer. De plus Epona ne pourrait pas supporter le poids de trois personnes en même temps. La jeune fille poussa un cri de douleur, une des tektites venait de lui agripper le bras et après avoir tenté de le broyer s'était prit un gentil coup de petit sabre dans la face qui lui fit lâcher prise. Ce cri, il l'avait déjà entendu c'était certain... Mais là n'était pas la question, il lui fit signe de venir près de lui pour qu'elle soit comprise dans l'aura protectrice mais elle refusa d'un hochement de tête qu'elle dirigea ensuite vers la jument. Et elle disparut dans une épaisse fumée grise pour réapparaître juste à côté. Quant à eux, le blond et la blonde lancèrent simultanément leur sort et se précipitèrent vers la jument. Derrière celle-ci, un étalon noir accourrait aussi, et lorsqu'il fut assez près, ils purent reconnaître le cheval qu'ils avaient vu au ranch Lon Lon la veille. Le cristal protecteur se rompit et tendis qu'ils enfourchèrent Epona, la brune grimpait en amazone sur son propre destrier qu'elle lança à toute vitesse, suivie de près par Zelda et le Héros surpris de la voir ainsi monter l'animal qui avait pourtant l'air plus que sauvage.
Ils se ruèrent vers le nord où deux grandes barrières bloquaient l'accès lorsque l'on était à pied, bien entendu, ils n'eurent aucun mal à les franchir grâce aux prodigieux bonds des deux chevaux qui atterrirent de l'autre côté. Ils galopèrent encore un peu vers l'est, là où se trouvait un petit surplomb de terre et de roches, ils pourraient ainsi aisément s'installer. Tous trois posèrent pied à terre à leur façon. Link descendit énergiquement puis aida sa princesse à descendre gracieusement, celle-ci jetait un coup d'oeil à l'inconnue dont ils n'avaient toujours pas le nom qui était descendue d'une manière sauvage qui rappelait un peu le peuple de l'ombre.

- Veuillez pardonner mon indiscrétion mais, vous êtes une Sheikah ? se risqua Zelda. Vos manières et votre cape leur ressemblent tellement...
- Effectivement, fit-t-elle en ôtant ladite cape. J'en suis une.

Ce faisant elle laissa découvrir une tunique qui portait le symbole des Sheikah au niveau de la poitrine et du ventre. Le tout était d'un gris foncé, presque noir, et rouge pour la ceinture qui soutenait ses deux sabres et les protections qu'elle portait aux genoux et aux mains. Elle portait également de la résille aux jambes et sur les avant-bras ainsi qu'un large cache-col qui masquait son cou et une petite partie de son visage. En bref, c'était une tenue de guerrière comme en portait souvent le peuple de l'ombre.

- Cela pose un problème ?
- Non, mais cela me surprend, les Sheikah sont une race presque éteinte... Ah, pourrions-nous connaître votre nom ?
- Je suppose que oui. Je me nomme Shazaca.
- Et celui de votre clan ?
- Je... Je n'en ai pas, siffla-t-elle sèchement. Cela mis à part, je propose que nous partions à la tombée de la nuit, dormir à la belle étoile par les temps qui se préparent n'est pas prudent, et il ne faudrait pas se faire attaquer par les Sakdos...

Le Héros du Temps lança un regard inquisiteur à la brune. Que signifiait ce "les temps qui se préparent" ? C'était peut-être de cela qu'elle voulait parler, hé bien dans ce cas plus tôt ils seraient au bourg d'Hyrule plus vite ils en sauraient.

Après une cavale au clair de lune pendant laquelle Link, s'étant endormi sur sa jument, avait bien faillit les perdre, après que Zelda ait fini de surveiller la Sheikah qui s'efforçait de ralentir son étalon pour aller à leur allure, après avoir échappé à tous ces os ambulants qui les poursuivaient, après avoir traversé la principale plaine d'Hyrule ils étaient enfin arrivés devant la grande ville qui précédait le château. Un joli bourg qui, alors que le soleil ne s'était levé que depuis une heure ou deux, était déjà en effervescence, cela faisait plaisir à voir. La brune, devant le pont-levis, enfila à nouveau sa grande cape, sans doute afin qu'on ne lui pose pas de questions indiscrètes quant au signe qu'elle portait sur sa tunique.
Ils laissèrent leurs montures à l'entrée afin de ne pas se faire remarquer parmi la foule qui grouillait. Link fut le premier à s'engager dans la place, là où profusaient toutes sortes de commerces, la princesse sur ses talons puis la sheikah avec appréhension. Elle n'aimait guère les grandes villes, il y avait bien trop de bruit et surtout bien trop de gens. Elle tentait de ne pas perdre le jeune couple qui, étant habitué à tout ce bazar, avançait bien plus vite qu'elle. Mais ce fut en vain puisqu'elle les perdit très rapidement, et dans cette grande ville, il fallait avoir de la chance pour les retrouver. Elle poussa un grand soupir qui montrait bien son agacement.
"Princesse, Héros, si vous ne vous montrez pas dans les secondes qui viennent..." songea-t-elle. "Je fais un scandale, là au moins ils me verront."
La Sheikah se retourna brusquement et eut le temps d'apercevoir un jeune homme s'éclipser. On l'observait ? Pas étonnant, mais inquiétant. Avait-on déjà eu vent de ses projets ? Il faudra faire vite, ou éliminer ce sale poursuiveur... Oui, ce serait une très bonne idée. Elle se retourna, creusa son chemin dans la foule pour se retrouver dans une rue moins fréquentée, mais trop à son goût. Elle continua son chemin jusqu'à se retrouver dans une ruelle déserte dans laquelle elle avait tourné brusquement et où elle s'était plaquée à l'angle. Ainsi elle pourrait aisément attraper son poursuiveur les mains dans le sac, et pourquoi pas lui mettre une jolie raclée. Elle n'eût pas à attendre bien longtemps avant qu'il ne se montre, elle l'attrapa rapidement et le plaqua contre le mur avec violence.

- Puis-je savoir à qui j'ai l'honneur ? Pour qui travailles-tu misérable insecte ?
- Ma foi, on dirait que je me suis fait prendre de ruse ! On m'avait pourtant prévenu, héhé.
- Répond à mes questions !
- Ah, du calme voyons. Une jeune fille ne devrait pas agir de la sorte, surtout de votre rang, acheva-t-il d'un sourire malicieux.

D'un mouvement imperceptible pour les yeux d'une personne normalement constituée, il prit le dessus sur la brune, prise au dépourvu. Il l'avait plaquée par terre de telle sorte qu'elle ne pouvait pas faire un mouvement sans qu'il ne lui casse un bras, chose qui serait fortement embêtante. Elle n'opposa donc aucune de résistance, mais elle persista dans ses interrogations alors qu'il lui retournait les questions avec une malice qui achevait de l'agacer. Il l'entendit murmurer quelques mots d'une langue qui lui était inconnue, reconnut rapidement la formule mais il n'arriva pas à la stopper à temps, elle disparut dans l'ombre du sol. Satanée technique de ce satané peuple de l'ombre ! Il aurait dû être plus prudent, mais maintenant c'était trop tard, elle était sûrement déjà partie. Et effectivement, elle se trouvait déjà un peu plus loin, et réapparut dans la masse. Il n'était plus question d'aller au château dorénavant, ils devraient se trouver une auberge dans la ville, sinon elle n'aurait jamais le temps de faire ce pourquoi elle était venue, et cela ce serait vraiment ennuyant. Elle chercha du regard ses deux compères une bonne dizaine de minutes puis finit par les trouver en train d'accoster des passants, certainement en la cherchant. Shazaca accourut vers eux d'un air décidé et leur expliqua qu'il vaudrait mieux s'installer une auberge jusqu'à demain matin pour des raisons qui lui étaient propres. Incrédules, les deux jeunes gens se scrutèrent du regard avant de finalement accepter sa proposition même s'ils ne voyaient pas ce qui la poussait à faire ce choix.
Tous trois se dirigèrent donc vers une grande auberge qui se disait être la meilleure du royaume tout entier. Elle ne se trouvait pas dans la place principale mais un peu plus loin dans le bourg, il était arrivé à Link d'y séjourner une ou deux fois auparavant. Il y avait été bien logé, mais la nourriture laissait à désirer, pourvu que le cuisinier ait changé cette fois ! Rien qu'en y pensant, son ventre émit un bruit glauque qui lui rappela qu'il était temps de manger, et que par ailleurs ce ne serait pas plus mal d'aller dormir un peu. Il fit part de ses pensées aux jeunes filles qui approuvèrent d'un même hochement de tête.
Entrant dans le bâtiment, leur première impression fut plutôt bonne, tout était propre, c'était une chose rare ces temps-ci. Link se dirigea directement au comptoir, les filles sur ses talons, et hésitant quelques temps il finit par demander deux chambres dont l'une à deux lits pour une nuit. L'hôte griffonna quelques mots illisibles sur un large carnet, lui demanda s'il voulait les repas jusqu'au lendemain matin, écrivit de nouveau, referma son cahier et demanda une centaine de rubis d'une voix morne. Semblant ronchonner, le héros fouina dans sa tunique un moment puis se retourna vers les demoiselles d'un air embarrassé.
"Je... Je crois que j'ai perdu mon porte-rubis."
Il lança un petit rire nerveux alors que la Sheikah détourna la tête pour lui faire comprendre que de son côté elle n'avait rien. D'un haussement d'épaule la princesse attrapa sa propre bourse avant d'en extraire de quoi payer l'aubergiste qui l'observait d'un oeil avide. Lorsqu'il obtint son dû, il indiqua au petit groupe les chambres qu'ils pourraient occuper durant leur séjour, ainsi que les heures du déjeuner, du dîner et du petit-déjeuner.

- Princesse, Shazaca, je suggère que vous dormiez dans la même chambre ce soir. Ne me regardez pas ainsi toutes les deux, vous ne voudriez pas faire chambre commune avec un homme je suppose ?
- Moi, ça ne me dérangerait pas, firent-elles d'une même voix.
- Jun ! S'écria Shazaca d'un air moqueur tout en signant d'un geste incompréhensible devant la bouche de la future souveraine. Vous n'avez plus le droit de parler tant que nous n'aurons pas dit votre prénom, princesse.
- Mhnh ? Tenta-t-elle d'articuler furieusement.
- Amusant ce petit jeu Sheikah, vous ne trouvez pas Link ?
- Je ne comprends pas vraiment à vrai dire.
- Hé bien, c'est un petit sceau que j'ai apposé qui l'empêche de parler. Nous faisons cela lorsque l'autre a dit la même chose.
- Euh, et vous le retirez lorsque son prénom sera prononcé ?

La brune acquiesa d'un hochement de tête et observa la princesse qui tentait en vain de prononcer un seul mot. Même si on ne voyait pas complètement son visage, on pouvait deviner que la Sheikah s'amusait de voir Zelda en une posture si comique. Le jeune homme quant à lui regardait d'un air incrédule les deux jeunes femmes, hésitant à sortir sa chère et tendre de cette situation. Voyant cela, Shazaca prononça finalement le "Zelda" tant attendu, la dénommée s'empressa de pester contre elle et le héros parut soulagé de ne pas avoir eu à intervenir, visiblement il tenait à rester neutre même s'il penchait vers la blonde.
L'heure du déjeuner arriva enfin, pour le bonheur du petit groupe qui s'empressa de s'installer à une table. Les deux Hyliens mangèrent comme si cela faisait trois lunes qu’ils n’avaient rien ingurgité alors que la Sheikah rapidement et peu. D'un air méprisant, elle les regarda finir leur repas avec grâce et distinction tout en poussant des soupirs silencieux. Lorsque tout le monde eût enfin fini, Link proposa d'aller faire un tour en ville avant d'aller se reposer, pour ne pas passer la nuit debout. Mais Shazaca protesta fermement et leur expliqua rapidement qu'une personne cherchait actuellement à l'empêcher de leur communiquer plusieurs informations clefs. Commençant à être exaspérée par tous ces mystères, la princesse insista pour sortir tout de même et le héros prit la même position. D'un geste agacé la brune leur fit comprendre qu'ils étaient libres après tout, et murmurant un "vous étiez prévenus", elle se retira pour visiter les chambres. Ne considérant pas ses menaces comme sérieuses, les blonds commencèrent donc leur balade dans le bourg.
Après quelques minutes de marche, Zelda s'arrêta brusquement et regarda autour d'elle. Il n'en fallut pas plus pour faire comprendre à son compagnon qu'elle se sentait observée. Il avait confiance en ses dons de prescience, c'est pourquoi il ne posa pas de question superflue et se mit à l'affût à son tour, guettant le moindre signe, la moindre ombre. Mais leur technique avait une faille, ils ne regardaient pas à leurs pieds. Le sol sous les pieds de Zelda s'était petit à petit tapissé de noir profond, mais elle s'en rendit compte trop tard. Elle passa à travers si subitement que l'Hylien ne réalisa pas tout de suite qu'elle n'était plus là. Une espèce de claquement sonore l'avait fait sursauter très peu de temps après cette disparition soudaine, le bruit qui caractérisait les téléportations Sheikah qu'il avait apprit à reconnaître lorsque que la princesse, sous les traits de Sheik, se volatilisait après lui avoir enseigné ces chansons qui l'avaient aidé dans sa quête.

Un peu plus loin, et pourtant toujours dans le même bourg, le craquement retentit de nouveau et fut suivit d'échos. La silhouette sombre se dégagea de la fumée rapidement et s'accroupit sur une dalle qu'elle frappa fermement de ses mains en prononça à voix basse quelques mots incompréhensibles. Une seconde personne arriva d'un cercle noir qui s'était tracé par terre et se releva aussitôt. La première se redressa vivement pour saluer son invité - qui l'était malgré lui apparemment- puis se dirigea vers un autel où reposaient des écritures anciennes ainsi que trois petits socles. Cet individu se retourna de nouveau afin de toiser l'autre qui se trouvait un peu plus loin. Le deuxième donc, ne semblait pas savoir pourquoi il se trouvait dans cet endroit sacré, c'est pourquoi il fixait d'un regard inquisiteur la silhouette en face de lui qui le lui rendait bien. Cette dernière finit par rompre le silence : "Je vais t'envoyer chez eux, le revoir, Lui.". Sans plus d'explication il sortit une courte lame effilée qu'il pointa juste au dessus de l'autel, il sembla chercher un moment du bout de sa pointe qui sembla finalement s'être cognée à quelque chose, chose dans quoi ladite lame s'enfonça, puis après un tour sur elle même et une lueur noire qui s'échappa d'elle, un trou béant s'ouvrit sur cette terre, sa terre. Il y précipita la deuxième personne dedans, après quoi il trancha la porte qui s'effaça aussitôt après. D'un ton neutre, il grommela : "Bien, première mission accomplie, plus de Zelda en Hyrule.".

La porte du temple s'ouvrit à volée, Link se précipita à l'intérieur, son énorme épée aux mains. Il avait encore l'espoir que la princesse serait là, et pourtant rien. Il lança rageusement sa lame au sol et s'assied sa tête fourrée entre ses mains sur la petite estrade circulaire où se trouvait une représentation de la triforce. Pensivement, il s'adonna à une observation minutieuse du sol qui était devenu soudainement très intéressant. Qu'allait-il faire à présent ? Zelda, qui était placée sous sa protection s'était faite enlever. Il avait fouillé toute le bourg -ce qui n'était pas une mince affaire- et avait finalement pensé à Ganondorf, mais pourtant il n'y avait rien au Temple du Temps. Rien ? Pas tout à fait. Il leva les yeux sur l'autel où avaient flotté pendant un temps les trois pierres ancestrales. Il y avait un petit bout de parchemin en suspension... C'était finalement bien le Seigneur du Malin qui avait fait le coup ?
Notre héros se jeta littéralement sur ce morceau de parchemin, c'était peut-être bien un indice qui pourrait l'aider. Ses mains fébriles le déplièrent rapidement et il put finalement y lire ces quelques mots :
"Bonjour sale petit moucheron ! On dirait que ta princesse a de nouveau disparu... Tu aurais dû faire plus attention à côté de toi ! Si tu veux la revoir, je te conseille de venir me rendre une petite visite sur la terre d'Ombre. Ta nouvelle amie te renseignera certainement. Elle"
Il regardait la déchirure qui coupait la fin du parchemin avec déception. "Elle" et c'était tout ? Avec le peu d'informations dont il disposait, il mettrait du temps avant de pouvoir revoir sa tendre Zelda. Mais c'était décidé, il devait absolument la retrouver sans quoi le roi pourrait bien décider d'une exécution publique dans quelques jours. Et avec les incapables de soldats qu'il enverrait à la recherche de la princesse, ni l'un ni l'autre ne survivraient. Il poussa un profond soupir en glissant son papier dans sa tunique et commença à réfléchir à la façon dont il allait procéder. Pour l'instant il valait mieux aller voir Shazaca qui en saurait peut-être quelque chose de cette terre d'Ombre. "Ta nouvelle amie te renseignera certainement. Elle". Elle était venue pour ça ? Pour prévenir ?
La Sheikah, allongée sur son lit et ayant enlevé tout son équipement ainsi que sa cape et son col, commençait à s'assoupir. Mais la douleur qu'elle éprouvait dès que son esprit s'en allait la ramenait bien vite à l'état d'éveil. Elle regardait furieusement le plafond comme s'il était fautif tout en passant doucement un doigt sur la marque noire qu'elle avait sur la joue quand soudain la porte de la chambre s'ouvrit brusquement. Elle se redressa bien vite, un sourire narquois se dessina sur son visage lorsqu'elle vit Link haletant s'effondrer sur le lit, seul.

- Ce n'est pas mon genre de dire ça mais, je vous avais prévenu.
- Oui merci j'avais vu. Lisez ce parchemin.

Elle se saisit dudit parchemin qu'il lui tendait en s'asseyant et le parcourut rapidement de ses yeux couleur or.

- Elle était venue pour te prévenir que j'allais m'emparer de Zelda, continua-t-elle machinalement. Enfin c'est ce qui devait être écrit.
- Et pourquoi la fin a-t-elle été déchirée ?
- Je l'ignore.
- Peut-être qu'il était furieux et qu'il a arraché la fin, conclu Link tout seul lorsqu'il vit que la Sheikah n'était pas décidée à discuter. Mais qu'est-ce que la terre d'Ombre ?
- C'est un espace situé très près du Vide infernal que Ganondorf a réussi à atteindre.
- Et comment suis-je censé m'y rendre ?
- Il vous suffit d'avoir les trois pierres ancestrales, par contre il y a de grandes chances pour que le Seigneur noir en profite pour réinvestir Hyrule.
- Mais de toutes façons s'il a Zelda il sera capable de revenir en Hyrule non ?
- Non c'est impossible. Tu dois faire ton choix.
- Prendre le risque qu'Hyrule soit à nouveau souillée par Ganondorf ou sauver la princesse c'est bien ça ? Mais le risque est mineur n'est-ce pas ? Il a été scellé hors d'Hyrule.
- Il a été scellé de façon à ce qu'il ne puisse regagner Hyrule, mais si vous ouvrez la barrière à l'aide de ces pierres le sceau sera défait l'espace d'un instant dont il pourrait profiter.

Il regarda la Sheikah d'un air mécontent comme si il lui en voulait d'avoir dit la vérité sur ce qui risquait de se passer s'il décidait de sauver sa princesse. La brune lui adressa un haussement d'épaule significatif avant de se retourner vers le lit qu'elle avait occupé quelques instants plus tôt. Elle passa lentement sa main droite sur son visage tout en maugréant quelque chose d'incompréhensible avant de faire face à Link de nouveau. Celui-ci l'observa d'une mine interrogative, et finalement elle articula péniblement quelque chose qui lui annonçait qu'elle l'aiderait à trouver les pierres s'il le souhaitait. Pour toute justification elle déclara que son supérieur la sanctionnerait beaucoup trop sévèrement si elle revenait tout de suite en expliquant qu'elle avait faillit à sa mission. Dubitatif, le héros mit un long instant avant d'accepter son aide même s'il n'était pas encore certain de sa réponse quant au dilemme qu'on lui imposait.

- Si ça peut vous rassurer, commença-t-elle; je pourrais m'assurer de garder le passage quand vous l'ouvrirez.
- Vraiment ? Vous avez assez de puissance pour faire une telle chose ?
- Bien entendu, autrement je ne le proposerais pas.
- Ainsi il n'y a plus de problème qui m'empêcherait d'aller au secours de la Princesse ?
- Il semble que non.
- Alors c'est décidé je suppose... Shazaca, permettez-vous que l'on se tutoie ?
- Je n'y vois pas d'inconvénient. Maintenant si tu permets, j'ai besoin de recouvrir des forces, et tu devrais faire de même.
- Ah, oui effectivement. Hé bien, je suppose que nous nous réveillerons au milieu de la nuit, à cette nuit donc.

Shazaca acquiesa d'un signe de tête et le suivit des yeux jusqu'au moment où il ferma la porte derrière lui. Elle poussa un long soupir avant de se laisser tomber mollement sur son matelas blanc, ses cheveux de jais éparpillés tout autour d'elle. Elle regarda pensivement les craquelures qui parcourraient le plafond et laissa finalement du répit à ses yeux d'or qui se fermèrent doucement. Elle ne mit plus très longtemps à s'endormir et déjà une fine douleur se faisait sentir dans son corps...
Il entrait de nouveau dans cette petite pièce sombre où elle broyait du noir à l'autre bout de la pièce. La lumière douce qu'avait provoquée l'ouverture de la porte la força à le regarder en face. C'était rare qu'il vienne la voir lorsque le jour était levé... La douleur devint plus forte. Il lui adressait un regard mauvais, pire qu'à l'habitude. Sa voix autoritaire se leva vers elle, il lui demandait si elle se souvenait du jour qu'il était. Bien entendu, elle lui répondit non, elle n'avait plus la notion du temps depuis bien longtemps. Il l'informa du fait qu'aujourd'hui très précisément elle allait avoir dix ans. Il ajouta d'un ton ironique qu'il allait voir si ça avait servit de la garder en vie. Et la douleur s'intensifia un peu plus.
Cela faisait plusieurs heures qu'il était resté là, en l'observant comme on observait un animal en cage. Elle était restée tête baissée depuis tout ce temps, n'osant plus croiser son regard de peur qu'il se mette de nouveau en colère. Et soudainement, une douleur intense la prit à la joue gauche. Elle apposa sa main dessus par réflexe tout en hurlant comme si quelqu'un s'amusait à retourner un couteau dans une plaie creusée à cet endroit. Son frère parut satisfait de la voir ainsi, il se rapprocha d'elle et arracha sa main de sa joue pour mieux la voir. Un sourire presque sadique s'installa sur son visage lorsqu'il vit une noirceur sur la peau de sa soeur, une noirceur qui prenait forme petit à petit tout en lui arrachant des cris de douleur intense...
Le héros se réveilla en sursaut en criant tout comme la petite de son rêve. C'était la deuxième fois qu'il rêvait de ces personnes... Mais cette fois-ci, son rêve lui était paru bien plus réel, il avait ressenti une telle douleur... Il secoua sa tête, emportant ses cheveux dorés avec elle puis se redressa vivement sur son lit. Si seulement l'enlèvement de Zelda avait été un rêve, lui. Il poussa un profond soupir et après s'être rapidement habillé il sortit de sa chambre afin de rejoindre l'étage du dessous. Il trouva Shazaca attablée en train de mordre dans un peu de pain et lui fit signe, elle l'invita à s'asseoir. Il s'assied donc en face d'elle, d'une voix pâteuse il demanda du pain et un peu de thé à l'homme qui s'assurait du service de nuit puis fourra sa tête entre ses deux mains.

- Un problème ? S'enquit la Sheikah d'une voix trop froide pour une fille.
- Mh, juste un mauvais rêve... Répondit-il en attrapant la tasse de thé que le serveur venait de poser sur la table. C'est la deuxième fois que je rêve de ces personnes, une petite et un grand qui la martyrisait.
- Ah, dit-elle simplement. Je vois.
- Il est quelle heure ?
- Il semble que nous soyons au beau milieu de la nuit.
- Il faudra que je fasse passer un message au château pour qu'ils ne restent pas dans nos pattes. Je demanderai à Impa de nous couvrir...
- Impa... reprit-elle d'une voix songeuse.
- Tu la connais ? L’interrogea-t-il en mordant vivement dans le pain.
- Qui ne connaît pas la dernière Sheikah au service de la famille royale d'Hyrule qui soit restée dans ce royaume ?
- Ah, mais, personnellement je voulais dire.
- Non, je n'ai pas de contacts ici. Je te suggère d'écrire et de faire passer ta lettre immédiatement, nous devrions partir d'ici rapidement.
- Pourquoi donc ?
- Les Gorons ne seront pas faciles à convaincre. Pour le rubis Goron je veux dire. Il faut qu'on aille le récupérer rapidement et c'est le plus facile à avoir pour le moment je pense.

Link se contenta d'approuver d'un hochement de tête en pensant à Darunia. Puis Shazaca se leva, et prétextant qu'elle avait des affaires à régler, elle sortit d'un pas rapide de l'auberge. Le héros se retrouva donc face à lui-même, ou plutôt face à la table qu'il observa sans grande attention. Il demanda de quoi écrire, ce qu'on lui apporta promptement et commença à écrire à l'intention de la nourrice de Zelda. Quelques mots simples et précis. Et c'était fini. Il inscrivit son nom au bas du parchemin et se pressa de sortir en direction de la poste où le postier était déjà en train de trier ses lettres. Il précisa que la lettre serait payée à la réception et sortit de nouveau pour se diriger vers le pont-levis cette fois.

- Mais enfin Darunia, s'exclama Link. Vous ne pouvez pas nous refuser cela !
- Et pourtant je suis obligé. Écoute, tu as déjà fait l'erreur d'utiliser ce Rubis il y a sept ans. Je ne veux pas que cela se reproduise !
- C'est différent cette fois, il y a quelqu'un pour empêcher Ganondorf de s'enfuir pendant ces cinq petites secondes !
- Je ne sais pas pour quelle raison tu lui fais confiance, grogna le Goron en lançant un regard à Shazaca qui était adossée contre le mur en attendant dehors. Elle me paraît bien trop louche. Et la façon dont elle est arrivée ici est bien trop louche elle aussi, sans parler de la façon dont elle a agit depuis qu'elle est avec toi.
- Mais...
Il soupira. Darunia avait raison, cette Sheikah n'était pas nette du tout, pourtant il avait envie de croire en elle.
- Mais, reprit le héros d'une voix plus assurée; pourtant elle avait une multitude d'occasions de nous nuir à moi et Zelda. Pourtant elle n'a rien fait. Je persiste à croire qu'elle est vraiment de mon côté.
- Je ne suis pas convaincu, désolé. Si tu arrives à me prouver que c'est une personne de confiance, alors peut-être...
- Darunia !
Link lui lança un regard suppliant, mais le grand Goron ne céda pas. Le héros tira une petite moue et finit par sortir de l'antre du chef dont le bloc de pierre qui servait de porte se referma aussitôt derrière lui. Le blond soupira de nouveau, c'était presque devenu une habitude ces temps-ci. Shazaca ne mit pas plus de temps à comprendre que ce satané Goron ne voulait pas leur laisser prendre la pierre ancestrale qu'ils étaient venus chercher. Elle haussa les épaules d'un air désinvolte et recommença à observer les étranges manies de ce peuple. Le Goron qui roulait à un des étages supérieurs l'intriguait plus que tous les autres, mais elle n'osait s'avouer qu'elle était curieuse de connaître la raison pour laquelle il dévalait sans cesse à cet endroit. La curiosité n'est pas bonne, se répéta-t-elle de nouveau. Je ne dois pas me conduire comme ça, sinon il va être mécontent. S'il est mécontent... Elle mordit pensivement ses lèvres les yeux dans le vide. Je suis une Sheikah, je ne dois pas... Sans qu'elle le remarque, ses pupilles passèrent de nouveau couleur rouge sang tels que le héros les avait aperçus la première fois.
- Shazaca, lui glissa le blond à l'oreille. Tes yeux ont repris leur couleur rouge, si on voit que tu es une Sheikah ici ça pourrait nous causer des petits problèmes...
- Mh ? Ah zut !
Ses yeux repassèrent de la couleur sang à la couleur or, elle tira une mine agacée sous son col. Au fond elle s'en fichait de causer des problèmes, mais pour l'instant elle devait prendre soin de tout faire comme il le lui avait ordonné. Et puis les préjugés de ces espèces de cailloux vivants, elle n'en avait pas grand-chose à faire. Elle ne savait d'ailleurs même pas pourquoi ils n'aimaient pas la race Sheikah... C'est ce moment que choisit un groupe de voleuses Gerudo pour débouler au coeur du village Goron, sabres et lances diverses en mains. Leur petite troupe se divisa afin de mieux contrôler le village, comme elle l'aurait fait pour une attaque surprise. Leur cheftaine, une belle et grande femme aux cheveux de feu qui encadraient son visage de façon harmonieuse, bondit au centre de la place centrale et se dirigea vers la pièce où se trouvait Darunia et devant laquelle étaient Link et Shazaca qui observaient d'un oeil surpris la situation.
- Que font deux Hyliens ici ? sourit la Gerudo d'un air amusé.
- Et pourquoi une troupe de voleuses à l'étalage investissent-elles cet endroit ? Renchérit la Sheikah d'un ton belliqueux.
- Des voleuses à l'étalage ? Reprit la femme à la chevelure rouge avec le même air.
- Des voleuses à l'étalage, oui.
- Shazaca je t'en prie ne joue pas sur le feu avec elles... Murmurra Link d'un ton plaintif.
- Parce que mademoiselle l'Hylienne se considère mieux que ça peut-être ? Lança une seconde Gerudo aux cheveux violets cette fois en bondissant près de la première. Lyiana, laissez moi lui règler son affaire je vous en prie !
- Je suis désolée Niamy, mais nous ne sommes pas là pour ça. Hyliens, hors de mon chemin, j'ai à parler avec le chef Goron, nous ne sommes pas ici pour combattre.
Attrapant le bras de sa compagne de voyage, Link se poussa en l'entraînant pour laisser la dénommée Lyiana déplacer l'énorme pierre et rentrer dans l'antre de Darunia qui semblait être partit dans le coeur de la montagne. La seconde jeune femme ne la suivit pas, elle resta bras croisés devant l'Hylien et la Sheikah en dévisageant méchamment cette dernière. Toutes les deux se fixèrent un long moment sans cligner des yeux, se provoquant l'une l'autre. Sans prononcer aucune parole car leurs regards étaient assez éloquents, elles se mirent toutes les deux en position de garde. Shazaca ôta lentement son col et sa longue cape, découvrant ainsi sa tunique Sheikah et sortit ses deux épées courtes de leurs fourreaux respectifs alors que la Gerudo l'attendait avec une certaine impatience, son long cimetère bien en main, sans prendre garde au signe qui se découvrait sur la poitrine de sa future adversaire. Paniqué le blond tenta de les arrêter, mais il n'eût le temps que d'ouvrir la bouche : elles étaient déjà toutes deux au corps à corps. Avec des coups amples et violents, Niamy semblait avoir le dessus sur son adversaire qui ne faisait que bloquer les coups sans même essayer de répliquer.
"Alors c'est tout ?" Cria la Gerudo afin de se faire entendre parmi les éclats de fer. "C'est tout ce que madame sait faire ?"
Cela arracha un sourire à Shazaca, un sourire d'excitation mal dissimulée. Elle éclata de rire, un rire froid qui contredisait l'expression que son visage venait d'avoir, un rire qui glaça le sang du public improvisé. Déroutée, Niamy hésita une seconde à porter son coup, ce qui fut une trop grande erreur. La Sheikah bloqua de ses deux armes le cimetère et l'immobilisa en faisant preuve d'une force jusque-là inattendue.
"Et avec ça tu te dis mieux qu'une voleuse à l'étalage ? Tu n'es rien !"
D'un mouvement rapide, elle attrapa le coude de son adversaire qu'elle projeta ensuite à terre, un sourire triomphant sur le visage. Elle l'avait battue à plate couture cette petite sotte. C'était fou ce que cela faisait du bien d'avoir le dessus sur quelqu'un, de le maîtriser totalement, de le faire souffrir... Sans crier gare, elle recula vivement et tomba fesses à terre juste devant Link. Comment pouvait-elle avoir ce genre de pensées ? Elle secoua vivement la tête qu'elle s'était cachée entre les mains. Non, elle ne le pensait pas. Non non non. Elle ne devait pas penser comme eux... Non ! Elle sentit une main gantée se poser sur son épaule, ce qui lui fit avoir un petit sursautement. Elle se força à se calmer en expirant une bonne quantité d'air et se retourna vers Link avec son air froid habituel.
- Euh, osa finalement le blond; ça va ?
- Tu en as souvent des crises comme ça ? Siffla la Gerudo qui se relevait d'un ton ironique.
Elles se défiaient du regard une fois de plus toutes deux, prêtes à se battre de nouveau, mais elles n'eurent la possibilité de reprendre le combat, l'Épée de légende s'était dressée en elles. Lançant toutes deux un regard noir à Link, elles rangèrent leurs armes respectives en se toisant d'un air méfiant, laissant le silence s'installer. Voyant qu'il n'y aurait davantage de combat, le blond remit sa propre lame en place, l'air satisfait de lui-même. Quelques minutes passèrent tandis que chacun était partit s'asseoir dans son coin, comme boudant l'un ou l'autre. Shazaca fixait vaguement les vêtements qu'elle avait laissés au centre de la place, il faudrait peut-être qu'elle se décidé à les ramasser. Mais c'était peut-être vain de se recouvrir de nouveau de tout cela, puisque de toutes façons tout le monde devait avoir eu le temps de comprendre sa nature de sheikah par la tunique qu'elle portait, elle avait senti les regards mécontents des Gorons, et ceux méfiants des gerudos qui se trouvaient dans l'assistance.
Le silence oppressant fut finalement rompu par les pas bruyants du chef des gorons qui sortait de la pièce qui lui était assignée en compagnie de Liyana qui tenait un petit bol qui contenait un liquide rougeâtre. Les regards furent instantanément tournés vers eux, mais ils ne semblaient pas s'en occuper et avancèrent plutôt en direction du Héros du Temps. Celui-ci se releva en les voyant venir vers lui, l'air interrogateur.
- Link, lança finalement Darunia. Je viens de discuter avec Liyana... et de voir que ton amie est une sheikah. Je concède à te laisser prendre le rubis...
- Toutefois, reprit Liyana; nous voulons tester sa force, il va de sois que nous ne pouvons courir de risques. Même s'il s'agit de sauver la princesse d'Hyrule.
- Comment tester ma force ? fit Shazaca qui s'était approchée.
- Vous comptez la faire combattre ? enchérit le blond d'un air soucieux. Contre une gerudo ? Un goron ?
- Non, je n'ai pas vraiment envie de mettre mon village sans dessus-dessous. Il y a quelque chose d'autre que nous, gorons, utilisons pour pouvoir prouver notre valeur lorsque nous passons à l'âge adulte. Ce breuvage que tient Liyana vous plonge dans un sommeil empli de rêves horribles qui changent selon la personne qui le boit. Pour un goron, il n'est pas toxique car notre métabolisme est très fort mais il peut être mortel pour un Hylien... ou une Sheikah en l'occurence. Il agit sur vous comme une sorte de poison dont seul votre esprit peut se débarasser. Toutefois Shazaca je ne tiens pas à vous contraindre à boire cette boisson, mais je veux être certain que vous pourrez risquer votre vie pour obtenir ces pierres et donc sauver notre princesse, mais aussi que votre esprit est assez fort pour lutter contre vos peurs.
- Très bien, soupira la sheikah en haussant les épaules. Le bol s'il vous plaît.
Semblant très sûre d'elle, Shazaca attrapa le bol que lui tendait la gerudo en jetant un regard narquois à Niamy qui se tenait un peu plus loin mais qui avait parfaitement entendu toute la conversation. Après tout, songeait-elle, elle n'avait rien à perdre, et ce n'était certainement pas leur espèce de breuvage qui aurait raison d'elle. Elle l'examina cepandant un peu avant de le boire, c'était rouge mais plus clair et plus opaque que du sang et ça n'avait pourtant pas l'air épais. Elle se demanda un instant ce que cela pouvait bien contenir, puis sentant que Darunia s'apprêtait à la mettre en garde de nouveau, elle avala d'un coup le liquide amer. Sans avertir qui que ce soit, elle laissa tomber le récipient qui se brisa, puis comme prise de vertiges elle tomba à terre pour enfin fermer les yeux comme si on venait de lui faire boire le plus instantané des poisons. Inquiet, Link se précipita à son chevet et lança un regard appeuré vers le chef des Gorons qui avait l'air le plus calme possible.


Le voile noir qui pesait devant ses yeux sembla se lever même si elle y voyait encore flou. Il faisait jour, le soleil tapait avec une force qui lui faisait presque mal aux yeux et elle découvrait devant elle un paysage bien familier. C'était la cour interieure de ce manoir où elle avait vécu tout ce temps dans le noir, c'était aussi un des rares jour que l'on pouvait appeller jour sur cette terre. Pourquoi se retrouvait-elle ici ? Ne se trouvait-elle pas dans un village goron quelques minutes plus tôt ? Elle sentait son corps encore engourdi, comme si elle venait de se reveiller d'un long sommeil, mais cette douleur était pourtant encore présente... Un coup dans son dos la fit sortir de ses pensées, et tendis qu'elle tomba avec violence face contre terre, elle s'apperçut qu'elle se retrouvait dans son corps d'enfant. Que se passait-il ? Shazaca tenta de se relever pour voir son agresseur, mais le pied qui l'avait frappé la retint au sol. De nouveau, elle tenta de se lever, mais c'était peine perdue, un trop grande force l'en empèchait et son jeune corps ne lui donnait pas la possibilité de se relever. Puis un rire se fit entendre au dessus d'elle, un rire qui lui était bien familier lui aussi, un rire narquois qu'elle avait dû supporter tout ce temps, un rire qui ne pouvait appartenir qu'à une personne. C'était son frère.
Ce moment lui revenait maintenant en mémoire, c'était la première fois qu'elle était sortie dehors lorsqu'il y avait de la lumière dehors. Elle avait été émerveillée par l'absence du noir dans lequel elle avait toujours vécu, et ses yeux avaient eu un peu de mal à s'y habituer, c'était une des raisons pour lesquelles elle était restée planté là un moment, jusqu'à ce que son frère qui l'avait fait sortir la rejoigne. C'était parce qu'elle trouvait cela merveilleux qu'il l'avait frappée. C'était parce qu'elle n'avait pas le droit de rêvasser de cette façon, il le lui avait déjà dit tant de fois... et pourtant... pourtant elle ne s'en pouvait s'empècher. La lumière lui avait fait tant de bien ! Elle avait réchauffé sa peau pâle et fraiche, et surtout, elle avait atténué cette douleur. Son frère ôta finalement son pied et l'air mauvais, sa voix lui ordonna de se relever, ce qu'elle fit biensûr instantanément, de peur de le contrarier une nouvelle fois. Il lui attrapa sauvagement le menton et la força à se rapprocher un peu plus de lui pour l'observer, pour observer cette nouvelle marque qui s'était formée sur son visage. Les traits n'étaient pas encore parfaits, mais on pouvait facilement deviner la forme si on savait ce qu'elle représenterait, c'était le troisième signe. C'était la raison pour laquelle elle était encore en vie. Il esquissa un sourire en la regardant et y déposa un doigt dessus sans se préoccuper de la réaction de sa jeune soeur qui commençait à avoir les yeux humides, trop content de ce qu'il venait d'obtenir.
C'était un souvenir, se répètait Shazaca, un souvenir, pourtant cela semblait si réel. Mais c'était un souvenir ! Elle ne devait absolument pas se laisser avoir ! Même en se disant cela, elle avait du mal à réussir à se défaire de l'emprise de l'image de son frère, jamais elle n'avait osé faire une telle chose. Il lui inspirait bien trop de crainte pour qu'elle ne puisse imaginer faire une telle chose. Si elle avait su qu'elle tomberait sur son frère en buvant ce breuvage, jamais elle n'aurait voulu le boire, elle aurait essayé d'éviter cela à tout prix... Tout cela n'est pas réel !

- Tu penses vraiment que c'est une bonne idée de leur laisser prendre le Rubis ? interrogea Liyana en jetant un regard à Link qui était assis près de la Sheikah depuis quelques heures.
- Je ne sais pas, et de toutes façons nous ne sommes pas encore certains qu'elle se reveillera. Cela fait un moment qu'elle est endormie, et à la voir elle n'a pas l'air de vouloir se réveiller pour le moment. Mais tu m'as dit que Nabooru avait eu quelques visions concernant cela n'est-ce pas ?
- Oui. Mais comme tu l'as déjà constaté, elles ne sont que très vagues et pas toujours exactes...
- Mais elle n'a pas vu un futur sombre, je pense que nous pouvons leur faire confiance pour le moment. De plus, si deux des trois morceaux de la Sainte Triforce à présent réveillée sont hors d'Hyrule, il y aura un déséquilibre profond d'ici quelques mois. Il vaut mieux que Link et cette Sheikah sauvent notre princesse, ou dumoins qu'ils essayent de la sauver.
- Link ? appella Liyana d'une voix un peu plus forte pour qu'il puisse l'entendre. Vous devriez vous reposer pour le moment, votre amie n'a pas l'air de vouloir se lever pour le moment.
- Non, répondit l'interessé. Je préfère rester auprès d'elle... Elle a tellement l'air de souffrir... Si je la laisse seule, j'ai l'impression qu'elle va fondre en larmes. Elle a toujours l'air si confiante, et elle ne laisse jamais deviner ses émotions... Pourtant on les lit clairement sur son visage lorsqu'elle dort. Je me demande ce qui l'a poussée à créer ce froid masque.

Elle tomba à genoux devant lui, les yeux brouillés par les larmes, mais à sa surprise, son corps était redevenu celui de ses dix-sept ans. Elle se releva et observa le jeune homme qui se tenait devant elle, elle était toujours plus jeune que lui, l'instant avait changé. Le décor, elle-même et son frère avaient changés tandis qu'elle se forçait à penser que tout n'était qu'une illusion... Ce breuvage réagissait-il en fonction de sentiments ? Maintenant qu'elle y repensait, Darunia avait bien parlé de quelque chose comme ça... "Un poison dont seul votre esprit peut vous débarasser" "Que votre esprit est assez fort pour lutter contre vos peurs". Était-ce le cas pour elle ? C'était ce que le goron cherchait à vérifier, et c'était ce qu'elle allait lui prouver quand bien-même il faudrait qu'elle tranche un clône de son frère. Ce n'était pas lui après tout, elle pourrait le faire, elle n'avait pas de raisons d'avoir peur de lui, car ce n'était qu'une illusion.- Tout ça n'est pas réel... murmurra-t-elle sombrement en fixant l'image de son frère. Ce n'est pas Zaël...
- Shazaca ? dit celui-ci en l'observant d'un air hautain. Tu es déjà rentrée ? Tu as fait ce que je t'avais demandé ?
- Tu... bafouillait-elle pour elle-même. N'es... pas... ici...
Comme pour faire disparaître de nouveau le décor, elle ferma les yeux tout en tentant de se calmer. Jusqu'à présent elle avait éprouvé principalement de la peur et de la surprise, et ces émotions faisaient apparaître des évènements du passé ou des évènements qui étaient probables dans le futur et qui l'avaient ou la marqueraient. Dans ce cas, songea-t-elle, il faudrait surmonter cette peur qu'imposait le breuvage. Si elle supprimait la source de cette peur, elle réussirait certainement à se sortir de son sommeil. Elle sortit lentement ses armes de leurs fourreaux sans ouvrir les yeux de nouveau, se concentrant afin de le tuer le plus rapidement possible. Ses deux lames prirent une teinte noirâtre et semblaient laisser une trainée de la même couleur derrière elles lorsque Shazaca les faisait bouger. Puis d'un saut, elle se rapprocha de son frère jusqu'à se retrouver derrière celui-ci qui ne semblait pas réagir, elle se glissa derrière lui pour ne pas voir son visage lorsqu'elle le tuerait et plaça enfin l'une de ses lames sous sa gorge et l'autre sous ses côtes. Elle n'avait plus qu'à lui trancher la carotide ou à lui perforer le dos s'il résistait, pourtant ce n'était pas aussi facile à effectuer que si elle avait dû assissiner un quelconque Hylien. Il s'agissait de lui. Il s'agissait de la personne qui savait où se trouvait sa mère. Non ! Ce n'était qu'une illusion, son vrai frère n'était pas ici, son vrai frère ne pouvait pas être là. Sans réfléchir plus, elle fit glisser sa douce arme sur la peau de l'image de son frère jusqu'à lui trancher l'artère et de le laisser tomber à ses pieds. Il allait se vider de son sang et mourir, tout simplement.
"Shazaca ?" fit la voix de Link inquiète. "Shazaca tu es réveillée ?"
Elle ouvrit ses yeux, tous ses membres étaient crispés et elle se sentait frissoner légèrement. Son estomac l'informait qu'il allait rendre ce liquide rougeâtre incéssament sous peu, ce que Darunia sembla comprendre, ce dernier lui tendit un seau vide. Après avoir "restitué" le brevage à son propriétaire, la Sheikah se retourna vers Link, ses yeux d'or flamboyants comme si elle allait lui poser une grave question.
- Link, siffla-t-elle. Combien de temps j'ai mis ?
- Tu.. Quoi ? éclata de rire le jeune homme. Tu as mis au moins une journée ! Il fait nuit !
- Une journée... reprit-elle sombrement. Le facteur temps n'était pas précisé pour pouvoir obtenir ce fichu rubis... Alors je suppose que je l'ai "gagné" ? lança-t-elle à l'adresse du chef des gorons.
- Hé bien... Je suppose que oui, sourit ce dernier en lui tendant l'objet. Je suppose que je peux te le remettre.
- Vous vous attendiez tout de même à ce qu'elle se lève n'est-ce pas ? sourit Link en observant le goron d'un air espiègle.
- Autremement vous n'auriez pas le Rubis goron sur vous, continua sèchement la sheikah en se saisissant de la pierre convoitée.
- Allons allons, pas de conclusions hâtives, protesta le goron. Je me préparais simplement à toute éventualité !
- Ben voyons...
- On va vous croire...
- Si je vous le dis ! Allez maintenant, hors de mon village ! Allez donc récupérer les deux autres pierres ancestrales. Link, tu n'es pas sans savoir que nous avons ici un raccourci pour les bois perdus, je suppose qu'il sera plus rapide de passer par ici pour rejoindre la forêt.
- Très bien, nous nous y rendront par ici, déclara la brune. Nous vous saluons donc, Darunia et vous aussi Liyana.
Le blond les remercia brièvement pour la pierre puis les salua avant de se diriger vers l'entrée des bois perdus en compagnie de Shazaca qui le suivait tout en observant minutieusement le bijou pour s'assurer qu'on ne leur avait pas refilé un faux, savait-on jamais.

- Tiens, remarqua Link, je n'entends pas Saria jouer de l'ocarina aujourd'hui. Ca fait perdre un peu de son charme à la forêt. Enfin, c'est la nuit après tout.
- Un peu... ? répondit Shazaca. Elle est sinistre, cette forêt. Elle ressemble tout à fait à... Mouais, non, c'est tout de même mieux ici.
- Elle te rappelle un endroit ? Je ne pensais pas qu'il existait d'autres forêts comme les bois perdus.
La Sheikah s'arrêta un instant et donna un peu plus d'intensité à la petite boule de flamme qu'elle avait générée pour leur donner un peu de lumière dans l'obscurité de la nuit. Elle leva son regard vers les cimes des arbres fondues dans le noir et sembla soupirer. Elle devait être jolie cette forêt, pendant la journée. Link l'observa d'un oeil un peu surpris puis voyant qu'elle lui faisait signe de continuer, il se remit en marche, accompagné par la lueur du petit feu de la brune.
- Là d'où je viens, reprit-elle de sa voix froide, il en existe un réplique presque exacte. Mais je ne l'ai jamais vue moi-même. Cela dit, elle est forcément mieux ici.
- Comment peux-tu l'affirmer si tu ne l'as jamais vu ?
- Cesse donc de poser des questions et avance, j'aimerais arriver à ton village avant l'aube. Il faudra que tu prennes un peu de repos.
Le Héros acquiesça sans grande conviction, il avait finit par comprendre que lorsqu'elle changeait de sujet de cette façon, c'était qu'elle n'avait pas envie d'en dire plus et qu'il était inutile d'insister davantage. Ses yeux se baladèrent donc devant lui, il pensait à présent à son amie Kokiri. Cela faisait quelques temps qu'il ne l'avait pas vue, ni elle ni Navi d'ailleurs. Il avait entendu qu'un nouveau Kokiri était né, le premier né du nouvel arbre Mojo apparemment et la fée lui avait été assignée. Celui-là aurait une bonne gardienne, songea Link en souriant, il devait certainement déjà en savoir autant que tous les autres enfants Kokiri avec Navi comme protectrice et institutrice.
Shazaca, derrière lui, le suivait sans montrer un quelconque état d'esprit, que ce soit de l'agacement ou de la joie, on ne lisait rien sur son visage. On aurait dit qu'elle était à moitié endormie et son regard d'or affûté comme une épée prouvait pourtant le contraire. Bientôt elle manqua de trébucher sur une racine, et se rattrapant en sifflant un bref juron, elle vit que Link s'était retourné vers elle.
"Fais attention, sourit-il d'un air amusé en commençant à pointer devant lui. Regarde, nous sommes arrivés !"
Elle maugréa quelque chose d'incompréhensible pour toute personne qui ne parlait pas le Sheikah et passa devant lui pour observer le village dans lequel ils venaient de pénétrer. Il étaient situés en hauteur par rapport au reste, mais ils eurent vite fait de descendre en s'agrippant à quelques plantes grimpantes. Arrivés plus bas, Link suggéra d'aller prendre un peu de repos chez lui avant d'avertir tout le monde de leur arrivée. Après tout, aucun enfant ne serait réveillé à cette heure de la nuit. Ils traversèrent le village réduit pour arriver devant la maison arbre qui appartenait au pseudo Kokiri et montant rapidement la petite échelle, ils entrèrent dans le petit domicile d'une pièce. Ils furent tout d'abord confrontés à une vache que Shazaca contourna en interrogeant le blond d'un air surpris.
- Tu as des vaches chez toi ?
- Oui, mais il y a une explication très rationnelle à cela vois-tu, mais elle est trop longue alors je t'expliquerai demain. Je te laisse le lit, je vais...
- Non, coupa-t-elle en observant la vache d'un air dubitatif. Tu peux dormir dans ton lit, je ne suis pas fatiguée, j'ai dormi toute la journée. Je vais... Disons monter la garde.
- Comme tu voudras, lança Link d'un bâillement. Si une fillette aux cheveux verts entre ici, c'est sûrement Saria, c'est elle qui s'occupe de ma vache.
- Mh, acquiesça-t-elle en hochant la tête. C'est compris.
- Au fait ! Je me demandais... De quoi as-tu rêvé chez les Gorons ?
- Tu crois franchement que je vais te raconter ça ?
- Ben... C'est juste que... Je l'aurais fait moi. Et puis, par curiosité.
- Ce n'est pas une chose que je pourrais te raconter. Maintenant va donc dormir au lieu de dire n'importe quoi.
Elle le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il se soit étalé sur son lit trop petit pour sa taille, puis s'appuyant avec précaution contre un mur, elle soupira profondément. Il était tard et le soleil ne se lèverait pas avant quelques heures, qu'allait-elle faire pendant ce temps ? Elle haussa les épaules à cette pensée et plongea son regard doré dans sa petite flammèche. C'était une des choses qu'elle appréciait, observer le feu. Cette fontaine de couleurs chaudes qui dansaient joyeusement sur sa paume lui apportait un peu de réconfort. Depuis qu'elle avait appris à faire ce genre de magie, là d'où elle venait, il n'était pas rare de la voir créer un peu de ce feu qui ne dégageait aucune chaleur et dont la luminosité variait selon sa volonté. C'était un petit sort facile et tellement différent de tous ceux qu'elle connaissait. Un sourire s'esquissa lentement sur ses lèvres et elle finit tout de même par s'endormir contre son gré. Bercée par le ronronnement muet des flammes, elle s'enfonçait dans l'océan douloureux de ses rêves.
Il était de nouveau là, devant elle, lorsqu'elle se réveilla. Il l'observait de son air hautain dans cette pièce sombre. Il l'avait remarqué, qu'elle était devenue moins obéissante, et pourtant il avait besoin d'elle cette fois. Il n'avait absolument aucune assurance qu'elle ne s'échapperait pas dès qu'elle serait dehors, et c'était pour cela qu'il était venu la voir ce jour-là. Pour lui rappeler le moyen de pression dont il disposait. Sa seule vue la fit frissonner douloureusement, elle porta immédiatement sa main au signe qui luisait faiblement sur la joue et baissa son regard. Link dormait encore paisiblement.
- Alors, où en êtes vous quant aux pierres ?
- Nous... en avons récupéré une... La seconde est pour demain.
- Une seule ? Quelle lenteur ! Dois-je te rappeler que nous nous impatientons ? Tu ferais mieux de te presser un peu. Sinon, il se pourrait que j'oublie de lui faire administrer l'antidote... Par mégarde. Et tu sais ce qu'il arriverait n'est-ce pas ?
Il eut un sourire mesquin qui endolorit un peu plus la jeune Sheikah. Elle le savait bien qu'elle devait faire le plus vite possible, seulement voilà : les pierres n'étaient pas aussi facile que ça à obtenir. Et elle ne pourrait certainement pas y faire grand-chose... Mais elle ne pouvait pas se permettre de le rendre mécontent, elle savait la perte que cela représentait, et surtout la douleur que cela engendrerait en elle.
Le blond finit par se réveiller, il s'étira puis se leva d'un air endormi. L'aube se levait doucement au dehors, Saria ne tarderait certainement pas à venir, et il pourrait lui demander de lui remettre l'Émeraude des Kokiris. Autrement, si Shazaca se réveillait avant ils pourraient tous deux aller rendre visite à la fillette directement. Il jeta un coup d'oeil vers sa compagne de voyage et sourit en voyant qu'elle s'était tout de même endormie. Il s'apprêtait à la recouvrir de sa propre couverture histoire qu'elle n'ait pas froid, mais elle se réveilla en sursaut juste avant. Elle se plia immédiatement en deux, comme si une douleur aiguë était soudainement apparue. Et même si son visage exprimait clairement la souffrance qu'elle ressentait, aucun son ne sortait de ses lèvres.
- Shazaca ? Shazaca ! Tu vas bien ? Réponds moi ! Shazaca !
- C'est... siffla-t-elle entre ses dents. C'est bon... J-Je vais... bien !
Peu à peu, elle se décrispa en prenant de longues respirations. Tout allait bien, ce n'était qu'un rêve, il n'était pas venu, elle avait simplement rêvé. Se répétant cela, elle se releva un peu plus dignement, et tourna son regard redevenu plus rouge que le sang. Un regard de Sheikah.
- Que s'est-il passé ? questionna l'Hylien d'un air inquiet. Tu es certaine que tu te sens bien ?
- Je te dis que oui. Il m'arrive de temps en temps d'avoir des crises de ce genre. Ce n'est absolument rien.
- Je ne suis pas très convaincu...
- Puisque je te le dis ! reprit-elle avec ardeur. Maintenant, allons réclamer cette satanée pierre, je t'en prie !

Voyant qu'elle n'avouerait rien qui expliquerait sa "crise" comme elle l'appelait, il fronça les sourcils d'un air réprobateur et abandonna l'idée d'en savoir plus. Le Soleil était maintenant levé et Saria n'était pas venue, il décida donc qu'ils iraient tout simplement à sa rencontre. La Sheikah se leva en s'étirant légèrement tout en ayant pris un air agacé. Son rêve ne lui prédisait rien de bon, c'est pourquoi elle sortit de la maison de Link avant qu'il ne puisse lui dire quoi que ce soit, descendit l'échelle et commença à scruter le village en éveil. Il y avait deux ou trois gamins déjà dehors un peu plus loin, mais pas de trace de la fille aux cheveux verts dont lui avait parlé le blond. Ce dernier la rejoignit et lui disant de la suivre, il se mit en marche vers la maison de Saria.
Personne à l'intérieur. Et ils ne l'avaient pas rencontrée en chemin. Où était-elle passée ? Elle ne pouvait pas être allée au temple de la forêt dès le matin puisqu'elle passait tous les jours voir la vache de Link. Et si elle était partie quelque part, elle l'aurait certainement dit aux autres. Ils sortirent tous les deux et allèrent aborder un gamin avec une espèce de couvre-chef qui ressemblait à celui de l'Hylien et qui était roux histoire d'obtenir un peu plus d'informations.
"Mido ? l'interpella Link. Bonjour ! Dis-moi, tu n'as pas vu Saria ? J'ai besoin de lui parler."
Il n'obtint aucune réponse. Shazaca l'interrogea du regard, ne comprenant pas bien ce qu'il se passait. Pourquoi ce gamin ne répondait pas ? Le Héros secoua légèrement Mido, mais il n'eut toujours aucune réponse. Pourtant le Kokiri avait toujours été plein de vie et très agaçant, il aurait dû réagir.
- Pourquoi ne répond-il pas... ?
- Link, est-ce qu'il a toujours eu ce teint blafard ?
- Non mais... Attends maintenant que tu le dis... C'est vrai qu'il m'a l'air pâle. Et ses yeux... Ils sont vitreux...? Et je doute que ce soit parce qu'il vient de se réveiller. Allons bon, que se passe-t-il ici ? Mais... ?
- Mais quoi ? Pourquoi tu me montres le chapeau ce gamin ?
- Les Kokiris ont toujours leur fée avec eux. La fée de Mido n'est pas avec lui. Shazaca, il y a quelque chose de pas normal ici.
- Ca n'aurait pas un rapport avec ta copine qui n'est pas là ? Je veux dire, elle n'est pas leur gardienne spirituelle ou un truc dans ce genre ?
- Non, non Saria est le sage de la forêt mais... Les fées se fichent de savoir si elle est là ou pas, elles obéissent à l'Arbre Mojo. Je veux dire que même si elle n'est plus là, les Kokiris n'en souffrent pas et les fées non plus. Mais si l'Arbre Mojo...
- Dans ce cas, allons voir cet arbre.
Link déglutit difficilement puis acquiesça. Après tout elle avait raison, la source du problème était certainement là-bas. Il marcha rapidement vers la clairière qui abritait le bourgeon de l'arbre, Shazaca sur ses talons. Le chemin qui y menait était dégagé des monstres habituels, pourtant il y régnait une atmosphère très peu rassurante. C'était certainement la faute du nombre trop élevé de petites araignées qui grouillaient autant sous leurs pas que devant eux. Si l'Hylien ne retenait pas la brune de tout faire brûler parce qu'elle détestait ce genre de petites bêtes, on aurait déjà eu à faire à une magistrale incendie de forêt.
Arrivés au bout du sentier, ce n'est pas le sympathique bourgeon de l'arbre qu'ils découvrirent, mais une gigantesque série d'énormes toiles d'araignées et une sorte de cocon qui devait certainement le recouvrir. Les toilées étaient recouvertes par quelques boules brillant faiblement et ailées que Link identifia tout de suite comme les fées disparues. On trouvait à certains endroits d'autres cocons un peu plus gros que Shazaca affirma comme étant le reste de la tribu de gamins.
Elle sentit une chose se poser sur son épaule, puis voyant que le blond se trouvait devant elle, elle ne réfléchit pas plus et sortit immédiatement ses deux lames, coupa d'un geste sec la patte velue et s'éloigna de la gargantuesque araignée qui avait un torse et une tête humains qui venait d'apparaître au dessus d'elle. Alarmé par la Sheikah, Link attrapa son arc et une flèche puis se rangea à ses côtés.
- Ok, grogna la brune. Tu vas me le dire franchement. Cette araignée a attendu que nous soyons pressés pour venir mettre le bazard ici n'est-ce pas ?
- Ben... C'est à dire qu'elle n'était pas là avant.... Alors je suppose que oui.
- Et je ne peux toujours pas utiliser de feu ?
- Je te rappelle qu'il y a des enfants, des fées et des arbres qui risqueraient de brûler. Alors contente-toi du reste.
- Dites, lança la voix caverneuse de l'homme araignée. Je ne vous dérange pas trop ?
Pour toute réponse, le Héros décocha une flèche dans la direction de l'homme-araignée qui l'esquiva de justesse tout en poussant un juron. De son côté Shazaca commençait à incanter un sort à une vitesse impressionnante. Lorsqu'elle se tut, une aura violette semblait se dégager de ses armes. Le monstre eut un rictus sinistre en les voyant prêts à ses battre.
"Vous voulez donc tant que ça combattre ? Eh bien voyons si vous pouvez affronter ça !"
D'un geste de la main, il libéra une grande partie des enfants de leur prison gluante, et tous se dirigèrent d'un pas mécanique devant lui, comme pour le protèger de toute attaque. Parmi eux se trouvait Saria qui malgré ses pouvoirs n'avait pas pu échapper à l'emprise du monstre. On pouvait voir que chacun d'eux avait une petite araignée sur le front. D'abord effrayé, Link détendit son arc et lança un regard affolé vers son alliée.
- Shazaca, on ne peut pas se permettre de leur faire du mal !
- Hé non, ricana l'homme araignée. Non non non... Ils sont sous mon contrôle, et ils vous tueront... Sans que je lève le petit doigt !
- Écoute, siffla-t-elle d'une voix qui n'était audible que par Link. Je crois que ces bestioles noires sur son front sont ce qui permet de les contrôler. J'ai déjà vu ce genre de monstres, et j'en ai déjà battu, ils ne sont pas très puissants. Évite absolument toutes les araignées qui sont ici sinon tu te feras contrôler aussi. Quoi qu'il en soit je peux les tuer, je vais m'en occuper, quant à toi tu décocheras des flèches de lumière sur l'autre stupide bestiole. Ne me regarde pas comme ça, je te dis de ne pas t'inquieter pour les gamins. Compris ? Ce sera rapide.
Elle ne lui accorda pas plus d'attention et se concentra sur l'armée de gamins qui se trouvaient devant l'araignée géante. Elle pourrait aisément s'en débarasser après tout. Dès qu'elle fut certaine que Link avait armé son arc des flèches adéquates, elle trancha l'air devant elle, ce qui créa de longues lames de vents violettes qui se projetèrent à toute vitesse sur les Kokiris. A la grande surprise de l'Hylien et de l'homme-araignée, ce n'est pas la tête des enfants qui se coupa en deux, mais simplement les bestioles qui leur ôtaient le contrôle de leur corps. Le blond fut le premier à réagir et décocha un grand nombre de flèches de lumière vers le monstre qui n'en esquiva qu'une partie. Il tomba à terre, saignant à flot et surtout paralysé par le sort que portaient avec elles les flèches. Shazaca n'attendit pas plus et se jeta vers lui, et utilisant de nouveau ses lames enchantées, elle le trancha en deux. La carcasse du monstre à peine coupée se dissipa dans des affres de fumée grisâtre en même temps que toutes les araignées qui grouillaient sur le sol et les horribles toiles d'araignées qui fondaient en ne laissant derrière elles qu'une odeur nauséabonde.

Le chapitre 6 n'est pas terminé et je vais certainement le modifier~
Voilà, vos avis please~ =p

Ah et en passant, désolée pour tous ces posts... Mais impossible de tout caser en un post :l

Bon, je poste avant d'avoir lu et je lirai dans de meilleures conditions que celles que j'ai à ce moment précis, mais les fics du PdZ n'ont pas d'intérêt à se trouver ici... Donc si on pouvait éviter de les mettre...